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Statuettes de coqs (Maison Romaine, Ile de Malte, Avicolclub 2001) |
Le
paradoxe de l'œuf et de la poule est l'un des plus anciens et le plus représentatif des cercles vicieux :
« Qu'est-ce qui est apparu en premier : l'œuf ou la poule ? »
Si on vous répond « C'est l'œuf », vous demandez « Mais qui a pondu cet œuf ? ».
Si on vous répond « C'est la poule », vous demandez « Mais cette poule sort bien d'un œuf, non ? ».
Le paradoxe vient du fait qu'aucune réponse ne parait satisfaisante.
Il en est fait mention pour la première fois dans le Milindapañha
(les questions de Milinda, est un petit traité du Canon pali qui relate l'entretien entre le roi indo-grecMénandre Ier (Milinda) et le moine bouddhiste Nagasena.
Le Milindapañha a probablement été composé dans les trois premiers siècles de notre ère. Il est parfois intégré au Khuddaka Nikaya)
Réponses humoristiques ou latérales Le paradoxe relevant généralement de la blague, il est légitime de lui répondre par une autre blague
- l'œuf vient en premier ... dans la question.
- Dieu créa deux poussins.
- « La poule est le moyen inventé par l’œuf pour faire un autre œuf » (Samuel Butler).
- le coq ; dieu créa ensuite la poule a partir d'une de ses côtes
on peut également évacuer la question en niant ou ignorant une ou plusieurs hypothèses implicites dans la question :
- l'œuf de poisson est antérieur à la poule
qui ignore l'implicite qu'on parle d'un œuf de poule.
- qui ignore l'implicite qu'on parle d'œuf de poule qui donnera naissance à une autre poule). Quelle que soit la réponse le paradoxe est automatiquement résolu par définition : dans le premier cas c'est la poule qui précède, dans le second c'est l'œuf...
Réponses sérieusesLe paradoxe peut néanmoins être traité comme une question de cosmogonie très sérieuse
créationnisme « Dieu créa les grands poissons et tous les animaux vivants qui se meuvent, et que les eaux produisirent en abondance selon leur espèce ; il créa aussi tout oiseau ailé selon son espèce. Dieu vit que cela était bon. »
[réf. nécessaire]Ainsi, la poule (et le coq) précéda l'œuf.
sémantique Ce paradoxe réversible (que l'on peut qualifier de linguistique plutôt que de scientifique) n'existe que par rapport au plan de discussion dans lequel il est énoncé. Cela part du postulat selon lequel l'un ou l'autre des éléments cités devraient avoir une prépondérance sur l'autre, alors que l'un et l'autre découlent de l'un ou de l'autre.
La réponse la plus scientifique en l'état des connaissances en 2008 est qu'il s'agit de deux états différents de la matière et qu'aucune poule ni aucun œuf n'est arrivé en premier. Cette question est souvent utilisée par les créationnistes pour démontrer l'existence de Dieu
[réf. nécessaire]. Ce qui est en soi paradoxal puisque cela amène la question : « Qui a créé Dieu ? »
génétique On sait que le matériel génétique d'un animal n'évolue pas pendant sa vie, mais qu'il peut produire des descendants différents de lui-même. Une poule est génétiquement identique à ce qu'elle était, en tant qu'embryon, dans son œuf, mais un animal qui n'était pas une poule peut produire un œuf qui donnera une poule.
Ainsi , « C'est l'œuf », et la réponse à la question « Mais qui a pondu cet œuf ? » est : « une autre espèce (
archéo-poule) ! ».
La démonstration a sérieusement été énoncée par John Brookfield de l'Université de Nottingham, spécialiste en génétique évolutive, et David Papineau, philosophe des sciences du King's College de Londres, sont formels L'œuf a précédé la poule.
Leur thèse : sachant que le matériau génétique n'évolue pas durant la vie d'un organisme vivant, le premier oiseau à devenir une poule a dû d'abord exister en tant qu'embryon à l'intérieur d'un œuf.
Papineau renchérit : « Le premier poulet a dû sortir d'un œuf pondu par une autre espèce. Mais c'était bien un œuf de poule puisqu'il contenait un embryon de poulet ».
Brookfield achève la démonstration : « Nous pouvons en conclure sans aucun doute que la première matière vivante membre de l'espèce doit être cet œuf. L'œuf était nécessairement avant la poule ».
théorie de l'évolution Selon les théories de l'évolution, un être vivant ne naît pas d'un être vivant
exactement identique . Ainsi « toute poule ne naît pas forcément d'un œuf de poule ». En revanche une poule reste une poule à l'éclosion
Ainsi l'œuf a précédé la poule.
Plus concrètement, les oiseaux sont des "
dinosaures transformés" et spécialisés. Donc grossièrement, la première poule est éclose d'un œuf de dinosaure. Mais dans la mesure où les dinosaures étaient ovipares, cela ne fait que déplacer le problème :
« Qu'est-ce qui est apparu en premier : l'œuf ou le dinosaure ? »
En définitive, la question devient floue : « Quelle est l'origine de l'œuf, de la sexualité, de la vie ? » et la science offre peu d'éléments de réponses...
À cette première réponse rapide, on peut donner deux ébauches de réponses plus abouties :
Approche causale classique La première approche et la plus facile relève de la sémantique : on peut discuter du sens donné au mot « œuf », voire discuter du concept de « poule ».
Si on s'en tient au concept d'œuf le plus général, alors il est clair que l'œuf est apparu quelques centaines de millions d'années avant la poule. Les poissons pondaient des œufs à une époque où n'existait pas encore la moindre poule, et plus tard les dinosaures ont pondus des œufs calcifiés comme ceux d'une poule.
Une variante de la même série feint de lever le paradoxe en demandant quelle définition on adopte pour « œuf » : un œuf
pondu par une poule ? ou comme un œuf
donnant naissance à une poule ? La poule le précède dans le premier cas (par définition) alors qu'elle le suit dans le second (par définition aussi).
Il n'y a pas davantage de paradoxe si l'on définit l'œuf comme ce qui est
à la fois pondu par une poule
et donnant naissance à une poule. En fait, le premier œuf
de poule, du fait qu'il était le premier, a nécessairement été pondu par un autre animal qu'une poule, sans quoi il ne serait pas le premier œuf de poule, mais au mieux le second. En ce cas, l'œuf précède la poule, mais par simple conséquence d'une définition
ad hoc.
Approche écosystémique Sur le long terme, en faisant intervenir le temps et l'évolution : un jour, les poules se sont distinguées d'une espèce antérieure (on pourrait la nommer
proto-poule). On retrouve alors le paradoxe du barbu : à partir de quel niveau de différence considère-t-on que la poule se distingue de la proto-poule ?
Le fond du paradoxe est l'existence de situations où chaque élément semble à la fois un résultat et une condition de l'ensemble. C'est cette observation qui conduira à la réflexion systémique, portant sur l'articulation entre le tout (le cycle poule-œuf) et les parties (la poule, l'œuf).
En fait, comme souvent, le paradoxe est basé sur une certaine confusion entre deux niveaux (en l'occurrence, des niveaux de génération) : il y a le niveau où l'œuf engendre la poule, qui elle-même engendre l'œuf, etc. Et puis il y a le niveau où un système antérieur (proto-poule et proto-œuf) engendre le système suivant (poule et œuf). Une fois cette distinction faite, il n'y a plus de paradoxe.
Une bonne réponse possible est que le couple œuf-poule (une sorte d'attracteur) est apparu quasi-simultanément, engendré par un système antérieur qui n'en était pas très éloigné. Elle est conforme à nos connaissances actuelles en la matière.
D'autre part, dans la logique circulaire des récursions de l'approche écosystémique, il s'agit aussi d'une question de "ponctuation" d'un découpage en intervalle privilégié d'une séquence continue où la poule conduit à l'œuf est aussi exact que l'œuf à la poule. La plus ignoble des querelles est celle d'une différence de ponctuation où chacun est persuadé de sa propre bonne foi et de la sale mauvaise foi de l'autre. Ceci se rapporte aussi aux thérapies systémiques familiales des paradoxes et double contrainte.
Quelques réponses amusantes :Besoin primaire Un œuf est une cellule reproductrice issue de la fécondation d’un ovule par un spermatozoïde. Les gamètes reproductrices sont produites par un être vivant ayant atteint une certaine maturité dans son cycle de vie. Ce qui sous entend l’existence préalable de cet être vivant. En produisant l’œuf, l’individu satisfait à un de ses besoins primaires (se reproduire). Il faut donc exister (poussin), mûrir (poule) avant de se reproduire (œuf).
Il reste à savoir d’où vient ce poussin. La réponse est double selon que l’on soit « créationniste » ou « évolutionniste ». Dans le premier cas le Créateur créa les poussins qui pour maintenir la survie de leur espèce se reproduisent à travers un œuf. Dans le second cas, évolutionniste, on peut considérer l’hypothèse de la « proto-poule » qui dans son processus de survie et de reproduction a donné naissance à un poussin. Cette « proto-poule » ne peut être une poule et par conséquence n’a pu produire un œuf de poule (œuf pondu par une poule).
Conclusion : la poule précède l’œuf, et l'œuf est une cellule reproductrice de la poule.
Évolution et paradoxe sorite Si l'on accepte la théorie de l'évolution, les ancêtres lointains de la poule étaient des oiseaux primitifs, puis des reptiles primitifs, puis des poissons à nageoires charnues, puis ... et ainsi de suite jusqu'aux organismes monocellulaires (pour lesquels le paradoxe n'existe pas, puisqu'ils sont à la fois organisme développés et monocellulaires comme l'œuf). D'un bout à l'autre de cette chaîne d'ancêtres, les « œuf » (forme fécondée) et les « poules » (organismes adultes) ont pris des formes très variées.
Si l'on se place au stade évolutif des poissons, avant qu'ils ne conquièrent la terre ferme, on constate que de toute évidence l'œuf existait déjà, mais pas encore la poule. Même si l'on exige de l'œuf qu'il ait une coquille solide, un tel œuf existait déjà au stade des reptiles, alors que les ancêtres de la poule n'avaient même pas encore une forme d'oiseau primitif.
De ce point de vue, la « vraie » réponse au sens de l'évolution est bien que c'est l'œuf qui est apparu le premier.
Si la formulation du paradoxe de l'œuf et de la poule paraît paradoxale, c'est parce qu'à aucun moment dans cette chaîne d'ancêtres il n'est possible de mettre une limite entre un ancêtre poule et un ancêtre non-poule : le langage suppose une limite franche, alors que la réalité est un changement graduel, ce qui est typique d'un paradoxe sorite.
http://fr.wikipedia.org
http://www.avicolclub.com/histoire/histoire_volaille.htm
Jeu 1 Oct 2009 - 20:32 par Invité