Bonjour, aujourd'hui je vais vous faire découvrir l' élevage de fourmis. Voilà comment procéder :
Bienvenue dans l'univers des fourmis avec MyrmecoFourmis.com.
Cette FAQ vous donnera toutes les informations nécessaires pour réussir avec succès un élevage de fourmis.
[size=34]Avant-propos[/size]
Ce guide abordant les principes élémentaires de l'observation et l'élevage des fourmis est volontairement simplifié pour que tout un chacun puisse réussir facilement son premier élevage de fourmis. Notez que le cas des fourmis exotiques n'est pas traité (un livre n'y suffirait pas), sachez cependant que beaucoup des informations que vous trouverez ici sont également valables pour la plupart des espèces exotiques (par "exotique" nous entendons non endémique de l'Europe de l'Ouest).
En préambule, il nous semble nécessaire que l'éleveur débutant soit bien conscient de ce vers quoi il s'engage en commençant un élevage de fourmis. Une fourmi est avant tout un être vivant, et à ce titre les colonies recueillies méritent autant d'attention que n'importe quel autre animal. Il convient donc de retenir ces deux règles de bon sens :
- Il est vivement déconseillé de relâcher une colonie d'élevage dans la nature, au risque de nuire aux espèces locales.
D'une part, la loi interdit d'introduire dans le biotopesdes espèces allochtones, non déjà présentes dans le milieu. D'autre part, si votre colonie ne provient pas d'un essaimage local, vous n'avez aucune certitude quant à l'espèce réelle à laquelle appartiennent vos fourmis : votre Lasius niger par exemple a peut-être été mal identifié et peut appartenir à une autre espèce très proche mais absente du milieu. Enfin, votre colonie d'élevage peut avoir contracté une maladie du fait de sa proximité avec d'autres espèces. Dans tous ces cas, relâcher votre colonie dans la nature pourrait avoir un impact néfaste sur les espèces indigènes.
- Une colonie peut rapidement croître et être populeuse et son entretien devenir contraignant, c'est pourquoi il est judicieux d'y réfléchir et de se renseigner avant de se lancer dans l'élevage.
Il faut savoir que passé le stade de la fondation qui ne nécessite souvent que peu de temps et de moyens matériels, une colonie peut croître exponentiellement et exiger un investissement considérable, notamment en temps consacré à l'entretien et aux soins.
Exception faite de quelques espèces dont la colonie atteint une centaine d'individus à maturité, la plupart des colonies sauvages atteignent plusieurs milliers ou dizaines de milliers d'individus ; certaines dépassent allègrement le million d'individus.
Naturellement, cela nécessitera quelques années avant d'atteindre un tel effectif, et ce temps passé sera un excellent moyen de savoir si l'élevage n'était qu'un intérêt du moment, ou est réellement devenu une passion. Mais il arrive forcément un moment où la question se pose de devoir se séparer d'une ou de toutes ses colonies, et ce quelle qu'en soit la raison (plus assez de temps à y consacrer, plus de place disponible, intérêt décroissant, les causes peuvent être nombreuses). La meilleure solution en ce cas, plutôt que de relâcher la colonie, reste de la confier à un autre éleveur : nul doute qu'un amateur sur le forum de MyrmecoFourmis.com sera ravi de pouvoir prendre la relève.
Vous êtes toujours motivé ? Alors bienvenue dans le monde de la myrmécologie amateure et bonne lecture !
[size=34]Partie I: Pour bien débuter, de 0 à l'acquisition de votre reine[/size]
(photo de netman)
Comment obtenir une reine ?
Vous pouvez trouver des reines lors des essaimages ou vols nuptiaux c'est-à-dire lorsque les individus reproducteurs s'accouplent. Les essaimages se produisent tout au long de l'année sauf en hiver et ils sont particulièrement nombreux en été lors de la belle saison. Chaque espèce a sa période. Nous reviendrons sur les essaimages plus loin...
Vous pouvez aussi vous fournir sur internet via les boutiques en ligne. Sachez que ce sera peut-être votre unique solution si par la suite vous souhaitez élever une espèce exotique.
Les espèces conseillées pour débuter ?
Pour débuter, choisissez des espèces résistantes qui surmonteront très facilement les petites ou grosses erreurs que tout le monde fait lorsque l'on débute dans l'élevage des fourmis. Ne choisissez pas des espèces trop difficiles, trop petites ou au développement trop lent car elles vous décourageront certainement. Voici une sélection d'espèces résistantes, intéressantes, faciles à trouver, facilement observables, faciles à nourrir et se développant rapidement :
- Lasius niger: présent dans presque toute la France, c'est notre belle fourmi noire des jardins ou pelouses. Une espèce incontournable de la myrmécologie française !
- Lasius emarginatus : un peu comme Lasius niger mais dans une version bicolore (thorax rouge, tête et abdomen noirs)
- Lasius flavus : espèce un peu plus petite et un peu moins active que Lasius niger, de couleur jaunâtre. Assez abondante.
En général les espèces du genre Lasius stricte sont assez bien pour débuter.
Voici d'autres espèces qui peuvent convenir avec une ou deux contraintes supplémentaires :
- Messor barbarus : espèce très facile à nourrir car exclusivement granivore(mange des graines).
Mais c'est une espèce dite "foreuse" qui creuse le béton cellulaire, plâtre et autres matériaux peu résistants.
- Myrmica rubra : espèce qui a l'avantage d'être polygyne (possibilité de la présence de plusieurs reines au sein d'une même colonie), très friande d'insectes mais nécessitant une très forte humidité et ne supportant pas des températures de maintien dépassant les 25-28°C. Aussi est-il important de savoir que cette espèce est munie d'un dard qu'elle n'hésitera pas à utiliser si elles se sentent agressées.
(photo de myriorama)
Essaimages
Vous avez sûrement tous déjà assisté à ces vols nuptiaux, où les "princes" et "princesses" (sexués mâles et femelles) s'envolent pour s'accoupler et fonder une nouvelle colonie. A noter que seule la femelle fécondée fondera une nouvelle colonie. Ne servant qu'à la reproduction, le mâle quant à lui périra peu de temps après l'accouplement.
(photo de courrambel)
Quand ?
Comme nous l'avons vu précédemment, lors des essaimages qui se produisent presque tout au long de l'année. Principalement en été.
Condition météo ?
Les essaimages se produisent généralement lorsque les conditions météorologiques sont favorables : température assez chaude, beau temps (sans pluie), humidité élevée. Généralement on retrouve ces conditions après une averse d'été précédant une période de sècheresse. Ces conditions météo sont compréhensibles si on se met à la place d'une fourmi : difficile de voler et d'évoluer lorsqu'une pluie de météorites d'eau a lieu, il est aussi plus facile pour les reines fécondées de creuser une galerie dans un sol humide et tendre plutôt que de creuser dans un sol dur, sec et compact.
Où ?
Dans votre jardin ou votre pelouse, dans un des espaces verts de votre ville, en forêt.... Pratiquement partout où il y a un coin de verdure il peut y avoir une colonie qui essaime. Si vous cherchez une espèce particulière, renseignez-vous sur les régions et biotopes où elles sont présentes. Les fiches d'élevages pourront sûrement vous aider pour cela. Si vous souhaitez récolter une espèce précise, consultez régulièrement le sujet dynamique sur les rapports des essaimages qui vous indiquera quand et où les espèces essaiment.
Certains lieux sont protégés et tout prélèvement d'animaux et/ou de végétaux y est interdit. Comment reconnaitre une gyne ?
Avant tout sachez que les reines ayant encore leurs ailes sont des reines non fécondées qui ne pourront pas pondre et fonder une colonie. Inutile donc de les récolter.
(photo de degeerelle)
Seules les reines désailées sont fécondées avec certitude et ce sont donc elles qui nous intéressent. La principale difficulté est de ne pas confondre une reine avec une simple ouvrière.
Voici les caractéristiques d'une reine par rapport à celle d'une ouvrière:
- thorax imposant et très développé par rapport à la tête
- gros abdomen
- présence d'ocelles: sorte de petits yeux au nombre de 3 formant un triangle au sommet de la tête
- présence de cicatrices alaires (cicatrices laissées de chaque coté du thorax après que la reine se soit arrachée les ailes).
(photo de Jinaa.com) | (auteur inconnu) |
Outre les proportions tête/thorax/abdomen différentes entre ouvrières et reines, la reine est presque toujours la plus grosse fourmis de la colonie. Les reines ont un profil de "pataude", contrairement aux ouvrières au profil plus dynamique. En effet la reine n'est présente dans la colonie que pour pondre contrairement aux ouvrières qui doivent fourrager efficacement et effectuer d'autres tâches diverses qui requièrent rapidité et agilité.
(photo de jmb462) | (photo de netman) |
(photo de Jinaa.com)
Identification
Lorsque vous avez récolté une reine lors d'un essaimage, il faut absolument en savoir le maximum sur elle car certaines espèces sont protégées, d'autres ne peuvent pas fonder de colonie toute seule, certaines ne pondent que l'année suivante après l'hivernation...
C'est pourquoi il est nécessaire d'identifier ou de faire identifier votre spécimen. De plus cette identification vous permettra de connaitre les besoins et caractéristiques d'élevage de l'espèce.
L'identification est donc indispensable.
Pour faire identifier votre spécimen vous pouvez poster une demande d'identification dans le forum identification prévu à cet effet en ayant lu au préalable le sujet sur les demandes d'identification qui vous indiquera comment formuler cette demande. Pour plus de sérieux et de précision nous vous conseillons de faire identifier votre spécimen auprès d'AntArea pour la France ou encore de FourmisWalbru pour la Belgique.
[size=34]Partie II: La fondation[/size]
J'ai trouvé une gyne , que dois-je faire ?
Une fois votre reine récoltée il vous faut lui trouver un petit coin étroit, humide et tranquille où elle pourra pondre et fonder une colonie. Cette période est appelée fondation et on considère qu'elle s'arrête lorsque la première génération d'ouvrières est née. Veillez à choisir un endroit aux conditions stables (température, vibration, lumière) et à l'abri des rayons direct du soleil.
Tube à essai à réserve d'eau
La méthode la plus utilisée et la plus simple qui a été adoptée par tous les éleveurs est celle du tube à essai à réserve d'eau. Les plus polyvalents au niveau des dimensions sont les: ∅ 16 mm x L 150 mm.
Prenez un tube à essai ou un bout de tuyau transparent hermétiquement bouché à une de ses extrémités. Remplissez le tube d'eau aux 2/3 puis insérez une boule de coton tassé jusqu'à atteindre l'eau. Après y avoir mis votre reine, il suffira de refermer l'extrémité du tube par une autre boule de coton plus aérée.
(schéma de brun°)
Veillez à tasser suffisamment le coton d'humidification et en mettre une épaisseur suffisante (2 cm) ! Beaucoup trop de reines et colonies sont perdues par noyade à cause de cela. En effet, en plus de perdre sa cohérence en vieillissant, le coton est très souvent en partie arraché par la gyne ou les ouvrières.Module de fondation
Certains utilisent une autre méthode moins simple car il faut construire une sorte de micro nid d'une salle avec souvent une micro ADF. Ce genre de construction est appelée "module de fondation".
(photo de Mr Propre)
Dans la majorité des cas votre reine a assez de réserve pour vivre jusqu'à au moins la naissance des premières ouvrières. Donc sauf accident de parcours il est inutile et déconseillé de lui donner à manger car ceci risque de la perturber et la nourriture risque de pourrir dans le tube...
Néanmoins, chez certaines espèces la consommation de nourriture par la reine est plus ou moins indispensable.
Pour lever le doute, il vous sera nécessaire de faire identifier le spécimen.
Soyez patient et ne dérangez pas votre reine sinon elle ne pondra pas, la fondation est la période la plus critique de la vie d'une colonie. La moindre chose peut à ce moment-là causer sa perte.(photo de Macropixel's)
Ma première ouvrière est née !
(schéma de brun°)
Aire de Fourragement
Dès la naissance de la première ouvrière, il est nécessaire de connecter votre tube à une aire de fourragement (= ADF) plus souvent appelée abusivement aire de chasse (= ADC) (fait office de milieu extérieur en captivité). Dans cette ADF vous disposerez de la nourriture pour vos fourmis et si besoin un substrat inerte et imputrescible (sable, mousse oasis...) pour que vos fourmis remodèlent leur nid selon leur bon vouloir. L'aire de fourragement doit vous permettre d'effectuer vos opérations de maintenance facilement : dépôt de nourriture, enlèvement des déchets, application d'anti-évasion. Vous pouvez couler une couche de plâtre d'environ 1 cm de profondeur dans le fond de votre ADF ce qui absorbera les liquides (nourriture et anti-évasion liquide) et évitera tout risque de noyade.
Une ADF de 10 cm sur 10 cm est plus que largement suffisante pour une colonie en fondation. Une astuce gratuite pour construire une modeste et pratique aire de fourragement consiste à recycler une boite de coton-tige. Il vous suffit de boucher avec du Scotch ou de la colle les 4 petits trous du fond de la boite puis de découper un carré dans le couvercle en laissant les bords sur 1 cm : ces bords constitueront le plafond périphérique sur lequel vous appliquerez un anti-évasion type talcool ou huile de paraffine.
Percez ensuite un trou circulaire à la base de la boite qui vous permettra d'introduire un tube à essai ou un tuyau conduisant au nid.
Anti-Evasion
Votre aire de fourragement sera obligatoirement munie d'un système anti-évasion (ex: talcool, huile de paraffine...) sinon vos fourmis s'échapperont.
Certains anti-évasions ont un mode d'action répulsif (graisse rose, huile de paraffine...), d'autres "trébuchants" (talcool, barrière électrique, fluon...). Pour tout savoir sur les différents anti-évasions qu'il vous est possible d'utiliser (caractéristiques, prix, avantages, inconvénients, modes d'action...), vous pouvez consulter le récapitulatif sur les anti-évasions.
Un dispositif anti-évasion n'aura aucun effet si votre installation comporte des défauts d'étanchéité.
Un interstice de 0,5 mm peut suffire au passage des petites espèces comme Solenopsis fugax.(photo de Waldo Jaquith)
(photo de autan)
(photo de Enora)
Comment dois-je nourrir mes fourmis ?
Que dois-je leur donner ?
Les besoins primaires des fourmis sont :
- les glucides : molécules de l'énergie utilisées par notre corps et celui des fourmis.
- les protéines : principalement pour le bon développement du couvain et la ponte d'œufs par la reine
Malheureusement il n'y a pas une nourriture universelle pour les fourmis, chaque espèce a des goûts différents. Certaines ne consomment presque que des insectes (
Pheidole pallidula), d'autres que des graines (
Messor barbarus)... A cela s'ajoute encore la variabilité des goûts intraspécifiques. Heureusement et même s'il y a des différences, toutes les colonies d'une même espèce ont des goûts relativement similaires. Pour savoir quoi donner à manger à l'espèce que vous élevez, consultez les fiches d'élevage et le forum alimentation. Voici quelques exemples de recettes ou aliments généralement assez appréciés:
- Insectes (presque toutes les espèces françaises ont besoin de consommer des insectes dans une quantité plus ou moins importante)
- Lait miellé (très nourrissant)
- Miel sans pesticides
- Lait sucré
- Eau sucrée (moins nourrissant)
- Gelée sucrée
- Jaune d'œuf
Pour donner à vos colonies des insectes frais vous pouvez aussi en faire un élevage (ex : grillons, blattes, vers de farine, criquets...). Ainsi, vous ne vous embêterez plus à chercher dans votre jardin les fameux insectes qui deviennent très rares en hiver. Afin de réussir un élevage nourricier vous pouvez consulter les fiches d'élevageainsi que le forum traitant de l'alimentation des fourmis.
Les insectes donnés comme proie sont quelquefois parasités par des acariens qui n'hésiteront pas à parasiter vos fourmis. Pour éviter cela, faites séjourner vos insectes au congélateur (-20°C) (pas le compartiment freezer du réfrigérateur !) pendant 72h.Certains miels contiennent des pesticides à des concentrations mortelles pour les fourmis. C'est pourquoi vous choisirez de préférence un miel bio.A quelle fréquence et en quelle quantité ?
Les fourmis n'ont pas de problème de poids, elles savent très bien réguler leur alimentation. De ce fait et pour un bon développement, il est conseillé de leur fournir pitance protéinée et sucrée à volonté, ainsi elles ne seront jamais à court de nourriture.
Sachez que les aliments pourrissent, sèchent et perdent rapidement leurs qualités nutritives à température ambiante. De ce fait, les fourmis ne s'en intéresseront rapidement plus. Vous devez donc renouveler leur nourriture plusieurs fois par semaine, l'idéal étant tous les jours, ce qui est totalement justifié pour certaines denrées hautement périssables.
Il se peut que vous ne voyez pas vos fourmis se nourrir, mais cela ne signifie pas qu'elles ne le font pas. En effet, comme il n'y a à ce stade de développement de la colonie que peu d'ouvrières et de couvain, leurs besoins en nourriture sont très faibles et leurs sorties dans l'aire de fourragement ne sont que peu fréquentes.
Combien de fourmis peut contenir un tube à essai avec réserve d'eau ?
En prenant un tube à essai moyen adapté à la taille de l'espèce, un tube à réserve d'eau peut généralement facilement contenir 100-200 ouvrières
Lasius niger, beaucoup plus pour les espèces plus petites, beaucoup moins pour les espèces plus grandes. Quand la place vient à manquer ou que votre réserve d'eau est épuisée, il est temps de les faire déménager.
A vous d'en élever et j' espère que vous avez tout lu.