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| Sujet: Oeufs : Allons z'enfants de la batterie Mer 11 Nov 2009 - 10:47 | |
| Tous les oeufs ne sont pas dans le même panier, mais ils proviennent de la même poule. " PREMIER PRIX ", " Label rouge ", " daté du jour de ponte ", " biologique ", " plein air ", "élevées en liberté ", " enrichi aux omégas ", " aux trois céréales ", " sans OGM ", " frais ", " extra-frais "... des prix variant du simple au quintuple... le consommateur ne sait pas toujours à quel oeuf se fier ! Mais ce que l'acheteur incrédule ne soupçonne pas, c'est que ces oeufs sont pondus par la même poule. L'Isabrown. Une sacrée pondeuse venue des Etats-Unis ! Eh oui, nous mangeons tous indirectement des oeufs américains ! Mais que fait José Bové ? L'Isabrown est arrivée avec les premiers poulaillers industriels dans les années 60. Avant elle les basses-cours françaises sont peuplées de races locales. Elles gambadent, picorent au hasard de leur promenade autour de la ferme, dans les chaumes, les pâtures, les bords de chemin, le tas de furilier. De temps à autre, la paysanne jette une poignée de grain. Les poules logent dans des poulaillers bricolés. La mortalité est importante, surtout chez les poussins, décimés par les maladies infectieuses, ou par les prédateurs, ou les pluies d'orage. La poule ne pond pas toujours dans son nid. Souillé par la terre et les fientes, l'oeuf est souvent contaminé par les microbes. Déjà la listeria et autres salmonelles ! Il n'est pas ramassé tous les jours. Et échappe à la vigilance de la paysanne. Alors les bons oeufs " frais " de la fermière ne sont pas toujours aussi frais qu'elle veut bien le prétendre. En plus, la poule pond selon son humeur et selon la saison. Les meilleures donnent jusqu'à 100 oeufs par an. Au printemps et en été, la poule est généreuse. Mais dès que la lumière décline et que la nourriture se raréfie, l'oeuf se fait rare. Avec l'avènement de l'industrie avicole au début des années 60, la poule pondeuse est remise dans le droit chemin. Les poules quittent la basse-cour pour la batterie. Elles se retrouvent à 4 ou 5 par cage, sur 5 ou 6 étages à 125 000 pondeuses par bâtiment. Ce mode d'élevage concentrationnaire élimine tous les inconvénients de basse-cour. Eclairage artificiel, température constante, c'est l'été toute l'année. La poule est à demeure, à l'abri du vent et du froid. Elle mange, pond et défèque au même endroit. L'alimentation, la collecte des oeufs et le ramassage des fientes peuvent être mécanisés et contrôlés. Sur ses 450 cm2 la poule n'a plus le loisir de gambader. C'est tout bénéfice. Toute l'énergie dépensée dans ces futiles promenades est désormais consacrée à la ponte. Et la poule est moins gourmande ! Sachant que l'aliment représente plus des deux tiers du coût de revient de l'oeuf, l'éleveur est regardant sur la pâtée. Restait à dégoter l'oiseau rare capable de supporter pareille sinécure ! Les généticiens américains ont mis au point l'Isabrown, une poule naine, pas gourmande pour deux sous, capable de pondre jusqu'à 300 oeufs par an ! Adjugée, la bête devient reine des poulaillers aux quatre coins du monde, Aujourd'hui, plus de neuf pondeuses sur dix portent son nom. L'Isabrown commence sa carrière de pondeuse à 18 semaines et la termine à 65. Au-delà, ses oeufs deviennent trop fragiles, et surtout la vieille poule se met à se goinfrer. Alors on la réforme. Couic ! Elle n'aura même pas l'honneur de finir en poule au pot à la table de l'amateur. Qu'on l'imagine : l'Isabrown n'a pas de muscle, donc pas de chair ou presque, et après quarante-sept semaines de ce traitement concentrationnaire il ne lui reste plus que la peau, les os et quelques plumes. La pondeuse finit donc la plupart du temps en aliment au poulet pour chiens et chats, les chats ne mangent plus les poussins, ils ont la poule en boite. Les recherches continuent pour accélérer les cadences, mais jusque-là les généticiens ne sont toujours pas parvenus à faire pondre à la poule plus d'un oeuf par jour. Ils se heurtent au mécanisme naturel de l'ovulation gouverné par les hormones sexuelles, ils n'ont guère réussi à influencer le poids ou la composition de l'oeuf. De ce point de vue, la poule reste maîtresse deoeufs. ses Extraits de l'excellent dossier du Canard Enchaîné N° 76 (Juillet 2000. 82 pages) |
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| Sujet: Re: Oeufs : Allons z'enfants de la batterie Lun 16 Nov 2009 - 12:01 | |
| whaouuuu...ça fait peur....en fait je pense posseder 3 isabrown...sans doute vu ce que je viens de lire... j'ai acheter ces poussins sur un marché il y a 2 ans maintenant en pensant naïvement trouver quelques poules de races...que dalle de la poule rousse un point c'est tout!!! c'est dingue une tel uniformisation (je ne sais pas si ça se dit?)...mais on ne mis reprendra plus...ce qui est fou c'est que je pense que c'est encore un probleme d'ignorance...il y aurait eu des poules de races sur ce fameux marché je pense qu'elles auraient eu un sacré succés !! merci maya pour cet article et vive nos poules de races!!! (meme si elle ponde moins) |
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