Les poulettes des petits élevages familiaux sont choyées, chouchoutées, nourries "au grain", alimentées et sur-alimentées pour être sûr qu'elles ne manqueront de rien. Au rayon animalerie, on trouve une large gamme de produits pour les gâter encore d'avantage, gourmandises, produits naturels, compléments alimentaires et autres vitamines, pour que leur bonne santé soit encore meilleure. C'est tentant.
La question est de savoir si c'est si utile et si bénéfique à la santé de nos poulettes.
Les besoins nutritionnels.
Une poule a des besoins assez simples. Elle est omnivore, comme nous, mais n'a pas le même régime alimentaire : certains produits qui nous sont bénéfiques, sont pour elle, nocifs.
Une poule se nourrit essentiellement : de graines, de végétaux et de petits animaux (vers, insectes, limaces...)
Les graines lui apportent son énergie et ses protéines, ils constituent environ 70% sa consommation totale. Selon le mélange de graines utilisé, l'alimentation sera plus ou moins énergétique. Une poule a besoin de 18% de protéines : 12 à 15% sont déjà présents dans les graines.
Les végétaux : si elle peut y accéder, la poule se nourrira volontiers de plantes qui apporteront minéraux, vitamines et oligo-éléments, pour environ 30% de sa consommation totale.
La poule ira chercher naturellement, si elle peut les trouver dans son environnement, les protéines et les minéraux qui lui manquent en chassant par elle-même.
On est donc bien d'accord qu'à ce stade, votre poulette gambadant dans les champs a déjà comblé 100% de ses besoins physiologiques.
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Pâtes, riz, Pain et pâtées énergétiques « maison »
Sur les 150g de nourriture consommés par une poule, 85 à 90 % doivent se composer de graines et de végétaux. Les 10 à 15 % restant pourront être constitués de pâtée alimentaire « facultative » répondant à un besoin spécifique : par temps froid, pour reconstituer les réserves d’une poule convalescente ou en pleine croissance, pour pallier à un manque de diversité alimentaire « naturelle » dans le poulailler.
Notez que le riz, le pain et les pâtes NE FONT PAS partie du régime alimentaire de la poule... même s’ils contiennent des « céréales « , même si cela fait 10 ans ans que vous donnez du riz sans que vous n’ayez vu de « problème », même si les poules adorent en manger, et même si dans les images d’Épinal on voit des enfants donner du pain aux poulettes.
Les poules ne métabolisent pas ces aliments, ils ne leur apportent aucun élément nutritif et leur remplit inutilement l’estomac : elles n’iront plus chercher les apports nutritionnels qui leur sont indispensables dans leur alimentation en graines, en végétaux et vont progressivement se retrouver carencées, puis tomber malades.
En revanche vous pouvez utiliser ces aliments comme base ou comme liant de pâtées, pour y ajouter les compléments alimentaires qui leur seront nécessaires : calcium en poudre, ortie, œufs durs hachés, levure de bière, huile de pépins de pamplemousse, huile de poisson etc.
Notez juste que 10 % de l’apport nutritionnel journalier correspondent à 20/25gr de pâtée au maximum pour une poule adulte ( à peine une cuillère à soupe par poule) Une pâtée se donne toujours le soir, une à deux heures avant le coucher pour que la poule ait pu se nourrir de graines toute la journée. (voir aussi : les pâtées nutritionnelles)
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Les 10 compléments alimentaires que vous pourrez utiliser (ou pas) :
1-les gourmandises : Quelle plaisir de voir ses poules frétiller à l'idée de manger vers de farines et autres petites douceurs. En a t-elle besoin, c'est moins sûr. Quatre ou cinq vers de farine constituent déjà près de 3% des besoins en protéine journaliers... autrement dit, cette simple gourmandise suffit déjà à couvrir, voire à dépasser la quantité maximale de protéines que la poule devrait ingérer.
2- Les blocs à picorer : Ils contiennent des graisses, des vers de farine, des protéines animales (insectes séchés...), des cendres, des minéraux... en fait, on y trouve de tout. Ces blocs à picorer sont censés compléter l'alimentation et diminuer le piquage des poules en les occupant. Soit la poule s'en désintéresse et ne l'identifie même pas comme un aliment, soit elle va se jeter dessus jusqu'à ce qu'il disparaisse, et donc fatalement se suralimenter. Dans les deux cas on peut sérieusement se poser la question de leur utilité.
3- Les reste de repas: "votre poule n'est pas votre poubelle de table". Elle ne digère pas les plats en sauces, les conservateurs, colorants et édulcorants contenus dans les conserves, les épices fortes, le sel, sans parler des sucres, des légumes mélangés qui pour certains lui seront toxiques... Les épluchures quant à elles sont toutes recouvertes de produits phytosanitaires, vous ne les mangez pas ? Les poules non plus. Vous retrouverez de toute façon tous ces pesticides dans vos œufs, après avoir intoxiqué vos poules à petit feu. Si vous voulez donner de la carotte à vos poules, ne soyez pas pingre : épluchez-lui une carotte saine et coupez là en petits cubes.
Au niveau nutritionnel, vous êtes quasiment certains d'exploser les scores : graisses, sucres sels, épices, poivre, protéines, aliments interdits (tomates, pommes de terres, poivrons, riz pâtes, pain...), pizza et sûrement bien d'autres choses succulentes dont la poule pourrait se passer.
Dans certains pays comme le Royaume-uni, donner des restes alimentaires est interdit et passible de fortes amendes. La raison est simple : il s'agit d'une mesure sanitaire préconisée par les services vétérinaires pour eviter les prolifération de rats.
L'idée reçue qu'une poule "mange de tout" a la vie dure et elle est parfaitement fondée. C'est justement votre boulot de ne pas lui donner tout et n'importe quoi. Si vous ne savez pas quoi faire de vos restes : compostez-les.
4- Les compléments vitaminés. Votre poule est-elle malade ? souffre-t-elle de carences ? N'a-t-elle plus à disposition suffisamment de végétaux ou de diversité pour se nourrir seule ? Si c'est le cas, oui, vous pouvez utiliser ces compléments. Le seul reproche qu'on peut leur faire est de proposer des dosages très flous ( 1 à 5ml par litre d'eau... en fonction de quoi ? pour combien de poules, pour quels besoins ? ) Dans le doute, utilisez toujours le dosage minimal. Et si vous êtes fabricant de ces compléments, proposez des documentations nutritionnelles sérieuses.
5- Les petites bestioles du jardin. Pour une fois, vous n'êtes pas responsables :-) La poule est une chasseuse gourmande et elle ira attraper tout ce qui bouge à sa portée. N'en rajoutez pas non plus. Si vous avez des tonnes de vers de terre et de limaces dans le jardin, laissez-les en paix mais ne suralimentez pas vos poules en leur donnant les vers ou les limaces que vous trouverez en jardinant. Si les poules ont déjà décapé le sol et transformé le poulailler en désert, réjouissez-vous.
Les vers et les limaces sont à l'origine de 90% des maladies parasitaires . "Plusse de vers... plusse de vers." Complétez les 3 ou 4 % des protéines qui leur manquent (si elles venaient à manquer) avec des aliments sains, et vous ferez des économies de vermifuge.
5- Les compléments en minéraux : Les poules pondeuses ont des besoins en calcium 20 à 30% supérieurs à ceux d'une autre poule. Un complément sous forme de coquilles d'œufs broyés ou de coquilles d'huiles - si l'un comme l'autre ont préalablement été désinfectés de leurs bactéries- leur sera toujours bénéfique et doit être mis à disposition à volonté dans le poulailler. Pour récupérer ces coquilles, mettez-les au soleil puis passez les au four ou faites-les sécher devant une cheminée - puis réduisez les en poudre, au pilon, au blender ou au marteau dans un torchon propre. Les fragments ne doivent pas dépasser 3mm.
Ce complément pourra également être effectué, en cas de carence : en poudre dans une pâtée alimentaire ou sous forme liquide, associé à la vitamine D3 en respectant la posologie. Du calcaire en petits morceaux doit toujours être disponible dans un récipient protégé de la pluie dans un poulailler.
6- Les levures de bière, sont des compléments alimentaires probiotiques si complets et si peu coûteux qu'ils pourraient presque suffire à eux seuls pour combler ou compléter tous les besoins.
Les appellations : "levure de bière", "superlevure", "ultralevure"... sont assez trompeuses. Si vous les confondez c'est normal, tout est fait pour qu'on s'y perde.
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Pour être précis, il existe deux types de levures (S. cerevisiae) et (S.boulardii) contenant toutes deux sels minéraux, oligo-éléments( zinc, fer, sélénium, chrome, phosphore, calcium, sodium, magnésium, cuivre, fluor, manganèse, iode, silicium), beaucoup de vitamines et une quantité importante de protéines. La plus efficace est, selon les études spécialisées, la (S.boulardii).
Ces deux types sont déshydratés, soit à moins de 40° : elle sera alors vivante et active sur la flore intestinale. Soit chauffée à plus de 40° et elle sera inactive sur la flore intestinale en ayant perdu quelques vitamines au passage.
On trouvera dans le commerce ces deux types de levures sous ces noms : "levure de bière", "ultralevure", "superlevure"... qu'elles soient actives, inactives, (S. cerevisiae) ou (S.boulardii). Il faudra donc bien lire les étiquettes.
Le plus souvent, rien n'est indiqué dans la composition et il n'y a pas de notice , ce sera probablement de la (S. cerevisiae) - inactive.
Quand il s'agira de la (s.boulaardi) elle sera généralement active et tout sera indiqué au dos ou sur une notice.
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Ces "levures de bières" seront très riches et très efficaces, mais seule la levure "active" aura un réel effet sur la flore intestinale, elle aura même pour effet secondaire de lutter contre les diarrhées.
Vous l'aurez noté, la levure de bière contient également énormément de protéines. Il conviendra donc d'être prudent sur le dosage :
1/4 de cachet de levure de bière réduit en poudre par poule et par jour (soit : soit 0.1gr, - un cachet pèse 0.4gr - ... ou si vous préférez, dosez 2 grammes par kg de pâtée ). Cette levure n'a pas de contre-indication mais il convient de rester attentif à un éventuel excès de protéines. On l'utilisera donc en cure : une semaine par mois. Ou en continu : 1 a 2 jours par semaine.
En l'utilisant, les aliments ingérés par vos poules seront mieux digérés et plus efficaces, le système immunitaire sera renforcé : vos poules résisteront mieux aux maladies. Elles auront également une grande diversit de vitamines, d'oligo-éléments et de sels minéraux.
L’utilisation de levures (activées) doit être systématique après tout traitement antibiotique ou vermifuge, et peut être utilisée (activée ou non) à la reprise de la ponte (en avril), en période de mue pour aider la repousse des plumes, ou toute l'année pour maintenir votre poule en forme olympique.
Notez que la levure S.Boulardii résiste aux antibiotiques (c'est la seule levure de bière active ayant cette propriété). D'une manière générale, il sera préférable d'éviter les interactions avec les produits anti-fongiques et anti-bactériens (vinaigre, ail, certaines plantes et huiles essentielles...) afin de conserver les propriétés de votre levure active sur la flore intestinale.
7. le kéfir d'eau est une boisson que vous préparerez vous même, avec juste de l'eau, des grains de kéfir et éventuellement un léger apport de sucre (qui sera métabolisé en nutriments) ou de calcaire. Ce kéfir est un probiotique. Il est simple à préparer, quasiment gratuit, sans contre indication notable et il enrichit considérablement la flore intestinale
Ses effets, prouvés et documentés par des recherches, sont de renforcer le système immunitaire, de faciliter la digestion, de réguler la circulation sanguine, transformer les sucres et les minéraux en nutriments et en antioxydants. Il a également un effet anti-inflammatoire. On le soupçonne de limiter ou d'éviter le développement de la coccidiose bien que cet effet n'ait pas été démontré. Vous trouverez assez peu de compléments alimentaires qui offre autant d'avantages et aussi peu d'inconvénients, d'autant que ce kéfir d'eau peut aussi être préparé en kéfir de fruit et vous être profitable. Les graines de kéfir se trouvent facilement (à donner) sur le bon coin.
Notez que tout comme les levures, il sera préférable d'éviter les interactions du kéfir avec les produits anti-fongiques et anti-bactériens (vinaigre, ail, certaines plantes et huiles essentielles...) afin de conserver les propriétés du kéfir sur la flore intestinale. (voir aussi : le kéfir pour les poules)
8. Lait, yaourt, fromage blanc, fromages sont d'importantes sources de calcium. Les poules les adorent et on leur prête à juste titre des vertus cardinales sur la flore intestinale...pour les humains.
En effet, quoi qu'on en dise, toutes les études montrent que le lactose qu'il soit de vache, de chèvre ou de brebis, n'est pas digéré par les poules. Les bactéries du lait et de ses dérivés n'ont quasiment aucune chance de s'accrocher sur l'intestin, à moins de l'acidifier en décomposant le lactose -autrement dit en effectuant une pré-fermentation - à l'aide d'un ph acide comme le vinaigre ou le citron... ce qui serait tout à fait indiqué : le citron étant en plus un aliment interdit aux poules (comme tous les agrumes). La réalité physiologique fait que les produits laitiers ne sont pas destinés aux poules et qu'ils favoriseront ou provoqueront des diarrhées.
Néanmoins, certaines propriétés du yaourt pourront être utiles. Une quantité difficile à estimer de calcium et de bactéries contenues dans le yaourt pourront éventuellement être assimilés malgré tout.
Kéfir ou levure de bière active seront sans doute bien plus sûrs pour stimuler la flore intestinale, et vous trouverez ailleurs de nombreuses sources de calcium.
Dans des usages spécifiques, et a un dosage réduit ( 1 cuil a café par poule) le yahourt sera néanmoins utile :
- Par temps chaud, un peu de yaourt frais rafraîchira efficacement vos poules.
- En cas d'étouffement, la texture du yahourt adoucira la gorge irritée d'une poule.
- Il est possible de mélanger yaourt, poudre de coquilles d'huîtres, thym, romarin (et autre herbes ou médicament)
- A titre de gourmandise très occasionnelle, une petite quantité de yaourt leur apportera du bien-être.
9- Graines fermentées : les graines fermentées dans de l'eau pendant 3 jours seront 20% plus nourrissantes que des graines sèches, auront des vertus macrobiotiques, aideront au renforcement du système immunitaire, pourront prévenir d'éventuelles maladies et sont terriblement appréciées des poules. Vous ferez donc une économie substantielle en les utilisant, soit en remplacement des graines sèches, soit en complément. Elles constitueront également d'excellentes gourmandises, sans risque de perturber leur équilibre nutritionnel. Vous pourrez également vous renseigner sur les graines germées qui peuvent également être données aux poules, si ce type d'aliments vous plaît.
10- Les compléments probiotiques récurrents.
L'ail et le vinaigre sont des aliments problématiques. Leur efficacité pour guérir ou prévenir de "nombreuses" maladies est souvent exagéré et reste à démontrer.
Le vinaigre possède indéniablement des vertus acidifiantes et dans une certaine mesure, vermifuges. Son problème est d'être également très efficace pour dissoudre le précieux calcaire dont les poules ont un besoin crucial. Une utilisation prudente et très modérée s'impose. (voir aussi : article détaillé sur le vinaigre)
- Le vinaigre ne doit JAMAIS être mis en contact avec un abreuvoir en zinc ou en métal.
- Le dosage du vinaigre de cidre non pasteurisé (seul vinaigre pouvant être utilisé) ne doit jamais excéder 4ml par litre.
- La fréquence conseillée est de 2 a 6 fois par an pour une durée maximale d'1 semaine.
- Le vinaigre ne doit pas être utilisé sur une poule malade, affaiblie ou carencée en calcium.
- Le vinaigre en eau de boisson ne doit jamais être mis à disposition par temps chaud, et un second point d'eau (sans vinaigre) doit toujours être ajouté pour leur permettre de se désaltérer.
Ce vinaigre entre dans la composition de compléments alimentaire vendus dans le commerce. Le plus souvent, vermifuges ou anti-coccidiques préventifs naturels, ce qui peut être une solution si on souhaite un produit dont le dosage sera facilité par la posologie indiquée par le fabricant.
Si vous êtes méfiant(e) sur les effets du vinaigre, vous pourrez tout autant utiliser thym, tanaisie, romarin, origan... qui seront aussi très efficaces en vermifuges préventifs. Respectez bien entendu les posologies (dosage et fréquence) pour ces plantes.
L'ail sera tout aussi problématique. C'est effectivement un aliment d'une grande richesse pour l'organisme humain, pas forcément pour les poules. L'ail fait partie des alliacés dont toute la famille est considérée comme toxique pour la poule : oignons, poireau, ciboulette, échalottes.. tous contiennent du thiosulfate. Tous sont toxiques. (voir ici : article détaillé sur l'ail)
Son dosage doit toujours être inférieur 1/4 de gousse sur une poule adulte de 2.5kg (soit 0.4 grammes, ou 0.15 gr par kg). Son efficacité est de toute manière limitée, ses effets actifs et bénéfiques étant très volatiles, ils se dissipent après quelques minutes sur de l'ail fraîchement coupé.
Beaucoup de plantes posent le même problème : sauge, absinthe, sarriette, petite centaurée ont des propriétés vermifuges, immunitaires ou anti-bacteriennes... et leur usage est souvent déconseillé. Le dosage de ces plantes étant délicat, elles peuvent assez facilement causer plus de mal que de bien. (voir ici : plantes pour les poules)
Si vous le souhaitez, vous pourrez facilement remplacer l'ail par une ou plusieurs plantes si possible, fraîches, ayant des effets vermifuges tout aussi efficaces (thym, romarin, tanaisie origan...) ou immunitaires (Basilique, capucine...) utiliser des huiles essentielles comme le Ravintsara ou une boisson comme le kéfir. (voir ici : huiles essentielles pour les poules)
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2e partie : Pathologies nutritionnelles. (carences et surconsommations)
Le sel : Les besoins en sels d’une poule sont extrêmement faibles, environ 0,5 % du besoin nutritionnel journalier. La carence en sel, relativement rare, entraîne une chute de la ponte et une réduction de la taille des œufs, une rapide déshydratation, un dysfonctionnement neuromusculaire et la mort. L’excès de sel se produit généralement par l’alimentation des poules avec des restes de plats consommés par les humains, à notre goût (donc plutôt salés) mais bien trop riches en sel pour le métabolisme des poulettes. Fort heureusement, la dose létale de 4g/kg de poids corporel est très difficile à atteindre chez la poule.
En revanche, la surconsommation modérée de sel provenant de restes d'alimentation humaine peut arriver (on atteint vite + d'1.5g de sel par jour en donnant des restes de fromage, de plats cuisinés et de charcuterie). Cette surconsommation se manifeste graduellement chez la poule par une soif plus ou moins intense, une diarrhée ou des fientes liquides, une diminution de la ponte, une chute musculaire, puis une incapacité à se tenir debout, des convulsions et des problèmes cardio-vasculaire pouvant dégénérer en ascite.
Le calcium et le phosphore sont des éléments indispensables et vitaux pour la santé des pondeuses. Tous deux doivent être associés à la vitamine D pour être assimilés correctement dans l’organisme. Ils participent à la construction osseuse, à la formation des coquilles mais aussi à la régulation des cellules nerveuses, à l’équilibre neuro-musculaire et à la coagulation du sang. Une carence entraînera une production d’œufs à coquilles minces ou molles, pouvant évoluer rapidement en ostéoporose. La poule carencée puisera dans son système osseux pour palier au manque de calcium et commencera à présenter des troubles nerveux et des problèmes locomoteurs allant jusqu’à la paralysie. Une carence en phosphore démultipliera les carences en calcium.
Un excès de calcium, moins courant, peut survenir en cas de surdosage de compléments alimentaires et causer dans des formes bénignes, quelques granulosités de calcaires sur les coquilles (qui se réguleront seules), ou dans les formes sévères, de graves problèmes rénaux et un syndrome néphrotique (chute du taux de protéines dans le sang).
Les vitamines, en excès (hypervitaminose) ou en carence (hypovitaminose) auront des effets tout aussi graves sur le métabolisme des poules. Celles-ci seront rarement carencées lorsqu’elles auront la possibilité de se nourrir en plein champ mais devront nécessairement avoir un complément régulier et mesuré en vitamines si le poulailler est dépourvu de végétation : soit par l’apport de végétaux, soit par complément alimentaire.
Cette végétation devra être collectée à l'écart des routes et des polluants diverses, exempte de fientes d'oiseaux sauvages, si possible lavée puis découpée en morceaux d'environ 2cm pour respecter la granulométrie des aliments aviaires. L'herbe et les longues tiges pourront présenter des risques d'étouffement ou d'obstruction, donc évitez-les. Un volume minimal équivalent à une salade pour 4 poules sera nécessaire quotidiennement pour assurer leur bien-être.
Ces végétaux seront riches en vitamines. La vitamine D (et en particulier D3) sera principalement associée à la régulation du calcium et du phosphore, la vitamine E (associée au sélénium) agira sur le système immunitaire, le système vasculaire et les reins, les vitamines B1/B2/B3/B5/B6/H agiront sur l’appétit, la ponte et la croissance. L’apport vitaminique est relativement simple, par l'alimentation, ou en utilisant des compléments alimentaires du commerce et en respectant leur dosages. (voir ici : article détaillé sur la vitamine C)
Les minéraux et oligo-éléments, Magnésium, Potassium, Zinc, Manganèse, Fer, Cuivre, Iode... agissent en interaction, se régulent et s’équilibrent naturellement pour assurer la bonne santé générale de la poule, ils sont nécessaires en très petites quantités et s’obtiennent très facilement par les végétaux ou par des compléments alimentaires du commerce, souvent associés aux vitamines.
Que vous ayez un champ, un jardin ou un poulailler dépourvu de végétaux, il peut être judicieux d’apporter régulièrement des variétés de plantes, de préférence fraîches, riches en minéraux ou en vitamines pour diversifier ces apports.
L’ortie, la pimprenelle, le persil, le trèfle le plantain, le pissenlit, le chou, les fanes de radis, le cresson, le thym et bien d'autres plantes sauvage ou domestiques pourront être facilement plantés ou récoltées puis donnés aux poules sous forme végétale ou pour certaines en tisanes pour renforcer leurs défenses immunitaires ou assurer leur équilibre nutritionnel. (voir ici : plantes sauvages et plantes du jardin pour les poules)
Le surpoids et l’obésité, sont consécutifs à une mauvaise alimentation imputable à l’éleveur. Une poule saine se nourrissant d’elle-même sera rarement en surpoids. Les causes seront le plus souvent : une alimentation à partir de restes de repas, un excès de maïs ou de tournesol dans le mélange de graines, un excès de friandises, de graisses ou de protéines.
Si une alimentation riche peut être profitable en fin d’automne et en début d’hiver pour aider la poule à refaire son plumage et ses réserves contre le froid, elles est préjudiciable tout le reste de l’année. Une poule doit également faire de l’exercice, un espace trop restreint sera également propice à l’obésité.
Les protéines : Comme on l’a vu précédemment, les poules vont assez facilement obtenir les 18 % de protéines qui leur seront nécessaire quotidiennement. A l’arrivée de l’hiver, dans certaines situations de convalescence ou de carence on pourra très légèrement augmenter ces apports, et offrir des rations hyperprotéiniques. Ces changements nutritionnels doivent toujours s’effectuer très doucement et dans la durée (compter 1 à 2 semaines avec un taux de protéines avoisinant les 22/23 %). L’excès de protéine est extrêmement néfaste pour l’organisme d’une poule : répercussions cardio-vasculaires désastreuses, augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle et bien souvent, ascite. (voir ici : ascite). Cette surconsommation est une cause fréquente de décès parfaitement évitables.
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En conclusion, vous aurez certainement remarqué qu'en voulant bien faire, nous en faisons souvent trop. Le but n'est pas de culpabiliser qui que ce soit, nous faisons tous des petites erreurs et avons tous des habitudes. L'équilibre alimentaire parfait n'existe pas, il dépend aussi de chaque poulette et de ses besoins.
Ce qu'il faut retenir, c'est qu'une poule bien nourrie aura un système immunitaire extrêmement fort qui la défendra contre la plupart des maladies et mêmes parfois des parasites. Nous avons donc tout intérêt à y prêter la plus grande attention.
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Crédits :
illustration :https://poultryreporter.com
Textes et crédits photo : JT - plumage.