L'ail est l'un des aliments aviaire les plus controversé. Il est vrai qu'il est extrêmement difficile de distinguer le vrai du faux à ce sujet.
Commençons par lister ces "vertus" de l'ail sur les poules, que l'on trouve très facilement sur le web :
- Vermifuge efficace contres les ascarides, oxyures et vers solitaires
- Antibiotique et antiseptique général.
- Détruit les salmonelles
- Régulateur de la flore intestinal
- Stimulant immunitaire
- Stimulant de l’organisme et régulateur des fonctions essentielles
- Stimule l'appétit et permet d'augmenter le poids
- Préventif des tumeurs cancéreuses
- Bon pour le système circulatoire.
- Améliore la santé respiratoire
- Augmente la ponte et la qualité des oeufs.
- Anti-diabétique, réduit le taux de cholesterol.
Ça fait rêver, mais pour faire bonne mesure, n'oublions pas qu'on peut lire aussi que :
1- L'ail est un poison pour les poules
2- L'ail détruit le foie des poules
3- L'ail est toxique même à faible dose
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Je vous propose de confronter ces affirmations aux réalités scientifiques.
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1ère affirmation : L'ail est toxique pour les poules.
Commençons par la base : tous les alliacés sont toxiques pour les poules. L'ail fait partie de la famille des alliacés, et il est donc toxique.
Oignons, ail, ciboulette et autres variétés de plantes à bulbe sont tous toxiques PAR NATURE pour les poules. La littérature scientifique ne fait d'ailleurs aucun secret à ce sujet.
Voici précisément comment agissent ces alliacés sur l'organisme de la poule :
L'ail, les oignons contiennent des sulfoxydes. (définition) Lorsque les poules les digèrent, ils deviennent un mélange complexe de composés organiques contenant du soufre. Ces produits chimiques actifs absorbés dans les intestins, forment des oxydants hautement réactifs.
Tous les animaux, y compris les poules, ont des globules rouges dans leur sang qui transfèrent l'oxygène à travers le corps en utilisant l'hémoglobine. Ces "sulfoxydes" rompent la membrane cellulaire des globules rouges. Les globules rouges sont détruits plus rapidement que l'organisme de la poule ne peut les remplacer .
Ce processus est appelé hémolyse oxydative ou anémie hémolytique (oxidative hemolysis)(source)
L'oxygène ne peut plus être délivré aux organes et aux tissus de la poule qui va souffrir d'anémie, d'une défaillance générale des organes, d'une insuffisance respiratoire, et va décéder.
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Le principe reste que "le poison n'est pas produit mais le dosage."
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Quelle que soit la dose d'ail ingérée, ces sulfoxydes attaqueront les globules rouges. Toute la question est de savoir à partir de quel dosage, l'organisme ne pourra plus les remplacer, et quand l'effet de l'ail deviendra létal.
Il est donc essentiel de garder à l'idée que la frontière est mince entre poison et vertus, et cette frontière, ce sera vous.
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2ème affirmation. Le thiosulfate contenu dans l'ail cause des dommages irréversibles aux foies des poules.
J'ai bien cherché sur quoi cette affirmation était fondée, mais je n'ai trouvé aucune étude scientifique évoquant des problèmes hépatiques liés à l'ail ou au composé mis en cause : "le thiosulfate".
Un article de l'AVMA (American Veterinary Medical Association) est évoqué dans un sujet du forum (lien) et implique le thiosulfate dans la mort d'un chien suite à l'ingestion de 5g d'ail. On peut ici, plus parler d'une rumeur sans lien avec les poules, que d'une affirmation.
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3ème affirmation: L'ail est toxique même à faible dose.
C'est sans doute là que se situe le cœur du problème, car le niveau de toxicité et le dosage létal de l'ail pour n'est quasiment pas documenté.
Tout ce qu'on sait, c'est que sur le rat l'ail est toxique à 0.5g/kg de l'animal (source), sur les perruches il est létal à 0.75g (source). Sur un humain adulte il s'avère "potentiellement dangereux" à partir de 12g (Source) et la plupart des sites s'accordent sur un dosage maximum recommandé pour un humain adulte de l'ordre de 6g (source). Sur un enfant, la dose maximum recommandée est de 0.9g pendant une durée maximum de 8 semaines (source).
Il est impossible d'affirmer quelle est la dose létale pour une poule ou de donner une échelle du risque de développer une pathologie liée à la consommation d'ail.
Cependant, on peut établir des ordres de grandeurs de la tolérance aviaire sur la base des protocoles scientifiques.:
- Le dosage le plus important donné au cours d'une étude : 10g/jour et par poule. (ail brut)
- Le dosage le plus souvent donné au cours des études : 1g/jour et par poule (ail brut)
- Intervalle de grandeur sur plus d'une centaine d'études : la quasi-totalité des dosages donnés sont compris entre 0.1g et 1.6g.(ail brut)
Comme on peut s'en douter, les recherches se doivent de conserver les sujets vivants. Il ne s'agit pas d'une préoccupation d'ordre éthique mais juste d'un besoin pour mener l'expérience à son terme. On peut donc estimer que même une poule soumise à des doses de 10g par jour peut survivre sous surveillance médicale, au moins le temps des observations (3 à 21 semaines).
On peut aussi rapprocher un grand nombre de situations où, pour obtenir un résultat, les chercheurs ont utilisé une dose bien définie ( 0.1g - 0.3g - 0.5g - 0.75g - 1g). (sources ci-dessous)
Je vous ai donc fait un petit tableau prenant en compte ces différents paramètres avec un dosage pour chaque "exemple d'utilisation", dûment sourcé à partir des données de ces différentes études et qui pourra vous servir de repère :
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(1) Dosage qu'on peut considérer sans doute comme létal pour une poule : au dessus de 3 gousses (10g) (source)
(1) Usage qu'on peut considérer comme dangereux ou toxique avec un risque croissant d'hémolyse oxydative au delà de 3g par jour (soit 1 gousse ou plus)
(1) Dosage (limite haute) utilisé comme référence dans la plupart des études scientifiques à des fins expérimentales ou préconisé pour éradiquer des coccidies par exemple : 1/3 de gousse (1g) (source)
(1) Dosage préconisé dans les études pour un usage thérapeutique de courte durée, comme par exemple l'ascite ou l'hypertension, de 0.75g par poule et par jour, soit 1/4 de gousse. (source)
(5) Dosage normal, préconisé pour un traitement immunitaire anti-oxydant (source).
(6) dosage préconisé pour un petit stress de thermique, en augmentant l'activité sanguine avec une dose de l'ordre de 0.1g ( 0.5g par kg de nourriture) soit une minuscule fraction de gousse (la pointe d'un couteau). A Elbaz 2021(source) Autre source.
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La limite maximale d' 1g par jour et par poule utilisée par la majorité de ces spécialistes, vétérinaires aviaires ou biologistes lors de ces recherches suffit largement à expérimenter l'efficacité et les effets de l'ail.
La question qu'on peut se poser, c'est pourquoi des sites soi-disant "spécialisés" préconisent des dosages 3 à 30 fois plus élevés ( 3 à 12g, soit, jusqu'à 3 gousses entières) et sur quelle base ces dosages ont été déterminés.(exemple) (exemple).
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1. L'ail est un vermifuge contre les parasites internes
Les articles sur les poules sont unanimes, la principale vertu de l'ail est le vermifuge.
Du coté des industriels on est moins enthousiastes, il s'agit de trouver une alternative rapide aux vermifuges et aux antibiotiques, de moins en moins efficaces.
A l'origine du problème : les traitements vermifuges répétés et systématiques dans l'eau de boisson développant des résistances.
Une multitude d'études démontrent les effets des alliacés dans tous les domaines, mais sur le vermifuge, seules deux équipes de chercheurs se sont risquées à publier les résultats complets sur les effets anti-parasitaires de l'ail :
"Aucune différence significative n'a été observée dans le nombre de vers des groupes traités à l'allicine par rapport au groupe infecté non traité."... "Il a été conclu que l'allicine ne représente pas une alternative au flubendazole" (source).
L'ail n'a pas ou très peu d'effet vermifuge. On trouve ça et là une mention sur un "éventuel" effet, une amélioration "possible" ou une réduction "sensible" du développement des parasites internes. Il est possible que cette réputation "traditionnelle" de l'ail comme vermifuge trouve ses sources loin dans le passé, à une époque où les parasites internes avaient bien moins de résistance qu'aujourd'hui. (source).
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2. L'ail est un antibiotique et un antibactérien.
Les expériences sont nombreuses et ont constaté un effet positif sur certaines bacteries : Escherichia coli (infections externes et internes), Salmonelles (source) , Clostridium perfringens (entérites nephrotiques) (source) et Eimeria (coccidiose)(source). Dans certains cas, des bacteries E. coli très resistantes ont pu être éliminées. (source)
L'efficacité de l'ail a donc été démontrée pour réduire et parfois éliminer ces bactéries.
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3. l'ail renforce le système immunitaire, est anti-inflammatoire, anti-fongique, préventif des tumeurs cancéreuses.
L'ail contient des Polyphénols ayant une action anti-oxydante et anti-inflammatoire (source + Étude Zhang-tsao et Etude Wu- Dushenkov-Ho). L'ail contient également des Flavonoïdes ayant une action sur la croissance et le système immunitaire. (source) et des Saponines ayant notamment des activités antifongiques (source), hémolytiques, anti-inflammatoires et cytotoxiques ("anti-cancéreuses")(source)
De très nombreuses études ont confirmé que les alliums alimentaires (ail et oignon) ont le potentiel d'améliorer les fonctions immunitaires chez les poules. On a pu observer une prolifération accrue des lymphocytes, l'augmentation du nombre de globules blancs, l'activité de macrophages intestinaux dont la fonction est de défendre l'organisme ainsi qu'une activité microbicide plus élevée. Les dosages de ces expériences étaient de l'ordre de 10g/kg d'aliment (l'équivalent d'environ 1/4 de gousse d'ail par poule).
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4. L'ail et l'allium permettent aux poules de prendre du poids.
Une douzaine d'études ont été menées sur les performances de croissance des volailles et les conclusions sont très contradictoires (effets positifs (source), pas d'effets (source1 - source2 - source3), effets négatifs(source : dosage env. 1.4g/poule/jr d'ail brut)
Rien ne permet de dire si l'ail a un effet sur le poids ou l'appétit des volailles. On pourrait bien sûr citer une étude plutôt qu'une autre pour conforter l'hypothèse de son choix, mais dans l'ensemble, rien ne permet de dire objectivement que l'ail influe dans un sens ou dans l'autre.
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5. L'ail augmente la ponte des poulettes :
Il se trouve qu'une meta-analyse a eté effectuée sur le sujet. Il s'agit ici d'une synthèse regroupant les résultats de 53 études (!) scientifiques menées sur un même sujet. (source)
"Les résultats globaux regroupés ont révélé que la supplémentation en ail augmentait de :
- +0.32% de fréquence de ponte
- +0.486g (1/2 gramme) la masse des œufs/jour/poule
- +0.259 mm (2/10° de mm) l'épaisseur de la coquille."(source)
Si les résultats montrent bien une "augmentation" chacun peut constater qu'elle est infime. En fait, selon l'étude " des résultats tout à fait similaires auraient pu être obtenus sans supplémentation en ail".
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6. L' ail équilibre la flore intestinale
L'ail équilibre clairement la flore intestinale en favorisant des bactéries aux effets bénéfiques et en détruisant des bactéries nocives. C'est tout du moins le résultat de plusieurs études. Les aliments sont mieux digérés et la surface d'absorption de l'intestin a été augmentée (source) avec toujours des dosages de l'ordre de 10g par kg de nourriture, soit environ 1g par poule / jour (1/3 d'une gousse d'ail).
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7. L'ail améliore les problèmes respiratoires :
Cette affirmation a tenté d'être vérifiée en cherchant quelles maladies respiratoires l'ail pouvait soigner, prévenir ou soulager. Force est de constater que les études ne se bousculent pas pour confirmer cette assertion. En fait, aucune ne traite directement du sujet. On peut occasionnellement trouver dans certaines recherches qu'une propriété "pourrait" aider la sphère respiratoire, ou prévenir certaines maladies en stimulant le système immunitaire général.
Néanmoins, une publication scientifique rapporte des effets très positifs sur des cas d'hypertension pulmonaire (source). Il s'agit en l'occurrence d'une conséquence indirecte de l'augmentation de la fluidité sanguine, qui fait effectivement partie des propriétés reconnues de l'ail. Le sang, plus fluide irrigant mieux les poumons, agit sur cette pathologie.
La spécialité de l'ail n'est pas de traiter les maladies respiratoires même si ses propriétés anti-bactériennes agissent forcément sur des bactéries causant certaines de ces pathologies.
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8. Formes, praticité et dénaturation de l'ail.
L'ail frais en gousses souffre de propriétés instables qui affectent grandement son efficacité. En laboratoire, ces facteurs sont maîtrisés et contrôlés, mais il est très difficile d'obtenir les mêmes résultats au cours d'utilisations réelles :
- les principes actifs sont très volatiles (max 2 à 3h)
- l'ail se dénature à la chaleur
- l'ail se dilue très mal dans l'eau (source)
- l'ail est très réactif aux interactions avec d'autres produits.
L'usage d'ail sous forme de poudre déshydratée ou d'extrait concentré est d'ailleurs peu recommandé. L'ail cru est déjà très difficile à doser et à manipuler. Sous des formes altérées il est encore plus difficile de savoir quels effets il aura, s'il y aura seulement des effets, ou si la concentration ne sera pas tout simplement nocive.
Étude sur les propriétés de l'ail exposé à la température (source)
"Les thiosulfinates et les OSC ( traduire : Constituants Bioactifs Majeurs) sont volatils et peuvent s'évaporer rapidement, conduisant à des concentrations finales très variées dans l'alimentation" ... "La nature thermiquement instable des constituants bioactifs de l'allium affecte également leur application dans la production d'aliments pour animaux" (source)
Il en résulte donc une perte d'efficacité des "Thiosulfinates", et donc des propriétés anti-microbiennes. En outre, il peut, dans certains cas, être difficile d'administrer de l'ail aux poules, celles-ci rechignant à ingérer l'ail en raison de sa très forte odeur.
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Conclusion.
Voici donc un petit récapitulatif de ce que les spécialistes ont pu établir comme des faits scientifiques.
En vert, ces vertus sont avérées, en orange, un fondement prouvé, mais une affirmation très optimiste et en rouge, des allégations qui ne sont confirmées par aucune étude scientifique, ne reposant donc... sur rien.
D'autre part, il est important de noter la fragilité du produit. Si vous comptez obtenir un résultat, il faudra en premier lieu veiller à ce que le produit possède encore ses principes actifs et qu'il soit dosé de manière adéquate pour ne pas s'avérer nocif.
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Fiabilité des sources et des résultats.
Aux vues des résultats, il est assez évident que 90% des sites parlant du sujet ont fortement sur-évalué le produit :-)
S'ils partent certainement d'une bonne intention, ils semblent parfois assez éloignés des réalités scientifiques établies par les recherches de centaines de biologistes ou de vétérinaires.
Si vos dosages sont trop élevés, revoyez-les simplement à la baisse, ne serait-ce que par prudence, ou utilisez des produits dont les propriétés seront avérées, et bien plus efficaces dans certaines utilisations. (article sur les huiles essentielles) - (article sur le kéfir).
A l'inverse, certaines réticences que vous pourriez avoir sur l'usage de l'ail pourraient être reconsidérées au regard de ces conclusions.
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Crédits :
auteur :JT-Plumages