Cette article rédigé par l'auteur précédement cité m'a ouvert la voie de l'élevage et continue à régir mes principes d'éleveur. Je le fais partager ici plus comme une overture d'esprit que comme un débat, même si je peux cncevoir que certains n' adhèrent pas. Dans l'espoir qu'il intéressera nombreux d'entre vous.
Nos races de poules d’hier pour l’élevage de demain ! Pourquoi et comment maintenir nos races locales à faible effectif ?
La sélection moderne « industrielle » se concentre sur l’amélioration génétique d’un nombre limité de caractères productifs. Cette sélection, en changeant les fréquences géniques, fait disparaître les configurations les moins adaptées aux objectifs recherchés mais réduit aussi la capacité évolutive ultérieure de la population. Par contre, le pool génétique des populations de races locales est resté relativement stable du fait des oppositions moyennes entre deux catégories de gènes : adaptation aux contraintes d’un côté (sélection naturelle par exemple) et production de l’autre. On comprend donc que l’application généralisée des techniques modernes de sélection conduit inéluctablement à une impasse génétique et ce pour deux raisons :
- Suite à l’émergence de races plus sélectionnées et donc plus rentables, il y a une érosion génétique (perte de gènes non directement liés à la production par exemple).
- Dans l’ignorance actuelle des besoins génétiques du futur, le maintien de la biodiversité est indispensable. C’est un véritable défit pour l’humanité !
Dans cette optique, la diversité génétique devient un nouvel enjeu. C’est ici que le maintien de nos races locales prend tout son sens. Les vrais acteurs de cette conservation sont les petits éleveurs de terrain. C’est grâce à eux que certaines races subsistent encore aujourd’hui.
Envisageons maintenant quelques pistes pour mieux gérer cette conservation « sportive ». Pour la plupart de nos races locales, nous sommes confrontés à la gestion génétique de populations à petits effectifs. En effet, à l’heure actuelle, certaines de nos races locales sont dans les mains de deux, trois éleveurs, voire parfois d’un seul ! L’objectif est alors d’éviter une élévation trop rapide de la consanguinité et la réduction concomitante de la variabilité génétique. Trois principes sont à respecter pour gérer une très petite population :
- Diviser la population en groupes de reproduction les plus uniformes possible.
- Faire circuler les reproducteurs mâles entre les groupes de reproduction.
- Maintenir un nombre aussi élevé que possible de reproducteurs mâles. C’est à ce principe que les petits éleveurs doivent s’attacher le plus, d’autant qu’il est relativement facile à satisfaire !
A l’échelle du petit éleveur, il est relativement simple de maintenir une petite population d’une race rare pendant quelques décennies à condition de respecter certaines règles élémentaires :
- Conserver un maximum d’individus (pool génétique suffisant).Minimum 5 à 8 coqs et 15 à 20 poules de la même race et variété.
- Avoir une bonne organisation et marquer les poussins de façon à pouvoir identifier avec certitude le parquet dont ils proviennent.
- Mettre chaque année à la reproduction 5 à 8 parquets de la même race et variété.
- Pour les générations futures, il suffit de choisir un coquelet issu de parquet «A» accouplé à des poulettes issues du parquet «B» et ainsi de suite…
- Faire éclore suffisamment de poussins chaque année de façon à augmenter son pouvoir de sélection et ainsi renforcer la qualité des sujets au fil des ans.
En petit élevage, on peut se targuer de posséder une souche si l’on détient un cheptel, reproductible d’années en années, capable de transmettre ses qualités aux générations futures…C’est pourquoi, la plupart des grands noms de notre hobby sont des éleveurs spécialisés qui se cantonnent à une ou deux races. C’est pour cette raison que lorsqu’un éleveur débutant visite un éleveur expert, il le prend pour un fou et se dit que lui préfèrerait détenir plusieurs races différentes plutôt qu’un aussi grand nombre d’animaux de la même race. Alors, éleveur « sélectionneur » ou éleveur « collectionneur » ? Les deux ont leur charme mais au niveau « exposition », ils ne joueront pas dans la même catégorie !
Il est bien entendu que ce que nous venons d’envisager concerne des races locales rares. Dans certains cas, si la collaboration est bonne, quelques éleveurs peuvent se grouper de façon à réunir à plusieurs le nombre d’animaux nécessaire au maintien d’une souche. Pour des races plus répandues, il est évidemment inutile de s’encombrer d’autant d’animaux. C’est entre-autre ce qui pousse certains à élever des races étrangères plus faciles et bien sélectionnées car élevées en masse dans plusieurs pays. Par contre, travailler tel que décrit plus haut, permettra à un éleveur de se constituer une souche d’élevage reproductible et façonnée à sa main sans avoir besoin de faire appel à des animaux hors souche.
Les petits éleveurs sont motivés par la préservation de la pureté d’une race en référence à un standard bien défini. Cette référence est primordiale de façon à travailler tous dans la même direction. Un véritable savoir-faire est indispensable pour maintenir ce trésor vivant que représentent nos races locales. Bien que faisant intervenir techniques et sciences, conservation se conjugue d’abord avec passion !
Thierry Detobel. Octobre 2006.